A propos

Lire la chronique du disque Sources par Michel Contat (Télérama, 2013) :

Se renouveler, c'est ce que demande depuis Rouge (1992) Manfred Eicher, l'homme d'ECM, à Louis Sclavis. A ce pacte entre eux, le clarinettiste et compositeur lyonnais n'a jamais manqué. Son neuvième album pour le label historique mobilise les sources et les ressources de son imagination : ce nouveau trio Atlas le met constamment au défi, par l'instrumentation minimale — clarinette, piano, guitare électrique — et par le choix de Benjamin Moussay et de Gilles Coronado, musiciens qui ont un monde et des expériences au moins aussi singulières que les siennes. Il les entraîne dans des compositions excitantes, pas faciles et aussi diverses que possible, pour que l'aventure puisse se prolonger sur scène en offrant à chacun des espaces de liberté non seulement d'improvisation mais de style. Répétitions en boucles ambient, ­polyrythmies foutraques, plages rêveuses, dressage de nuages, lyrisme épanoui (chez Moussay surtout), distorsions rockeuses ou touches coloristes (Coronado et sa guitare à fragmentation), enroulements tendres, épousailles furieuses, riffs rythmiques insistants (la plage finale), les dynamiques du modernisme élastique ici happent, captivent, parfois enchantent. On voudrait plus de groove ? D'autres ne sont bons qu'à ça. Louis Sclavis gagne au rêve.

Louis Sclavis clarinettes - Benjamin Moussay piano - Gilles Coronado guitare