Ewaz Vader

"Trois d'entre eux sont, aux côtés de Christian Vander, les piliers instrumentaux de Magma depuis sa réactivation au milieu des années 90. Pour autant, n'envisager One Shot que sous cet angle tutélaire serait à la fois injuste et réducteur: certes l'héritage sonore et stylistique est évident (et assumé); mais au-delà de ces similitudes formelles, la démarche des quatre musiciens est bien différente.
À l'opposé des fresques grandioses et précisément orchestrées de Magma, One Shot propose une musique organique, ouverte aux imprévus, qui astreint chaque musicien à une vigilance de tous les instants. Dans cet équilibre précaire mais fécond, il est désormais passé maître. D'un bout à l'autre d'Ewaz vader, jamais l'intensité ne faiblit, l'implication est maximale, la musicalité jamais prise en défaut.
Quatre longs morceaux au programme, très contrastés pourtant : on passe de l'énergie implacable des cycles polyrythmiques de la pièce-titre, une entrée en matière comme beaucoup de groupes en rêveraient, au minimalisme hypnotique du riff immuable de Fat, puis à la montée en puissance irrésistible de I Had A Dream Parts III & IV, pour finir avec les clins-d'oeil heavy-metal de l'épique et dévastateur Missing Imperator. Sans oublier, en bonus, une plage vidéo issue d'un concert au Triton en décembre 2005.
Contrairement à ce que suggère le nom qu'il s'est choisi, One Shot n'a rien d'un partenariat éphémère. Au contraire, les quatre musiciens peaufinent patiemment leur art musical depuis près d'une décennie. Après leur premier album de 1999 puis Vendredi 13, enregistré en live en 2001, ce nouveau CD est le fruit d'un travail de studio minutieux, sous l'égide de Jacques Vivante, ingénieur du son du Triton, mais le perfectionnisme de la forme ne sacrifie en rien l'intensité et la fulgurance de la prestation du groupe, dont le potentiel peut enfin s'exprimer pleinement. Inutile de préciser que l'auditeur n'en sortira pas indemne !"
Aymeric Leroy