
Two grains of Sand
Piers Faccini
Tôt ou Tard 2009
En quelques mots
Le premier grain de sable pourrait être la drôle d’histoire de cet Anglo-Italien grandi en France, et qui enregistre dans la langue de Shakespeare d’étranges contes impressionnistes qui permettent de vivre moins douloureusement l’absence de Jeff Buckley, et déroulent un très acceptable complément aux créations de Ben Harper. Et le second sera cet impérialisme hexagonal, qui consistera à asséner qu’il chante dans le désert romain, alors que l’on ne sait rien, ou à peu près, de la scène transalpine.
Troisième album donc (le premier effort du bonhomme, Leave No Trace, était, en 2004, sublime d’atmosphères brouillardeuses), comme une déclaration d’indépendance : les douze chansons (on a très envie de parler plutôt de voyages) ont été composées et préparées à la maison, comme si le chanteur s’était retroussé les manches, et décidé à prendre son destin mélodique en main. Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas d’une œuvre d’autiste, et la présence du réalisateur Renaud Létang (simplement Amadou et Mariam, ou Alain Souchon, s’il faut citer des noms), de la poète malaisienne Francesca Beard, ou de l’Africaine Bhusi Mhlongo, attestent que Two Grains Of Sand reste un disque de rencontres. Avec la pureté d’une guitare acoustique solitaire, ou la batterie du louisianais Jeff Boudreaux, et le violoncelle du déjà fidèle Vincent Ségal, c’est selon.
Mais surtout, avec l’extrême délicatesse d’un chanteur qu’on ne cantonnera désormais pas davantage dans les canons orthodoxes d’une folk music qui fait de nos jours florès, que dans la musique ethnique (le charme de certaines influences maliennes avouées), les ondoiements des fascinations orientales (« Your Name No More »), l’âpreté de la chanson napolitaine, ou, pourquoi pas, la musique pop la plus séductrice.
Pour le reste, Faccini s’affirme comme pacifiste (« comment choisir entre deux grains de sable dans notre main/et nous transformer en violence et destruction »), prophète de mauvaise augure (l’explicite « A Storm Is Going To Come »), adepte des grands espaces (le très country « Save a Place For Me »), et plus court chemin de Leadbelly (quelque part entre prison louisianaise, et train de l’aventure), à Kurt Cobain.
Tout n’est ici que beauté et simplicité, et le chanteur, photographe et peintre, donne des couleurs aux douleurs (plénipotentiaires) et petites joies (fugaces) du quotidien.
Christian Larrède - Copyright 2014 Music Story
Titres
1. Two Grains Of Sand
2. The Wind That Blows
3. Your Name No More
4. To See Is To Believe
5. Who Loves The Shade
6. A Home Away From Home
7. A Storm Is Going To Come
8. Time Of Nought
9. Save A Place For Me
10. The Dust In Our Eyes
11. Strangers
12. My Burden Is Light
Line up
Piers Faccini : voice, guitar, harmonica, harmonium, organ, percussion, kora, backing vocals
Vincent Ségal : cello
Johan Daalgard : piano, organ
Jean-Marc Apap : viola
Hervé Cavelier : violin
Jules Bikoko : doublebass, bass, backing vocals
Claire Menguy : cello
Julien Chirol : trombone
Sarah Murcia : doublebass
Tommy Jordan : backing vocals
Bhusi Mhlongo, Thulli Mkhize, Phillip Zigode : backing vocals
Frederic Couderc : flute, clarinet, saxophone
Adam Topol : percussions
Nibs Van der Spuy : quatro
Francesca Beard : voice
Jeff Boudreaux : drums, tambourine
Maxime Zampieri : drums